Le célibat : entre contrainte et liberté subit ou assumé

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De nos jours, être dans la norme rassure et évite souvent des problèmes. Il semblerait que, pour être heureux et sur le plan psychologique épanoui, on se doit d’être, comme tout le monde en couple avec enfants, enfin, comme le plus grand nombre. Ne pas se distinguer, ne pas montrer sa différence, être formaté, dans un moule. Le « modèle » renvoyé par notre société semble être celui d’une vie centrée sur la famille, être en couple bien évidemment (hétérosexuel de préférence), avoir des enfants (2.07 comme le préconisent les statistiques ! Et ne me demandez pas comment faire ce 0.7 dixième d’enfant!), avoir un joli pavillon avec une belle pelouse, un travail, un chien et des poissons rouges.

Ce tableau donnerait presque envie. Sauf que problème! dans la réalité les faits sont tout autre. Chacun n’a pas forcément trouvé chaussure à son pied, et quitte à s’enfermer dans un moule en couple, autant le faire en étant bien accompagné.

De nos jours, selon l’INSEE, on compte presque 8 millions de célibataires (plus précisément 7.4 millions). Est-ce forcément une tare de l’être ? Est-ce toujours le signe d’une vie amoureuse déchue et d’une sexualité désertique?

L’avis du psychologue

On nomme « célibataire » une personne en âge d’être en couple, mariée, mais qui ne l’est pas. Mais le célibat est une notion bien plus large que la situation matrimoniale (être marié ou non) et c’est un concept plus proche de la question de couple. Être célibataire aujourd’hui s’utilise plus pour désigner une personne seule au niveau sentimental.

Le célibat est très rarement, sur le plan psychologique, un choix délibéré de la personne. Selon la nature et les lois de la reproduction, on serait tous amenés à être deux en couple ou marié, mais problème ! si on observe les animaux, tous ne vivent pas forcément en couple après le temps de reproduction. La notion de couple est peut-être plus un processus fondé par la société.

Un problème de célibat contraint et forcé (suite à une rupture ou à défaut d’avoir rencontré LA bonne personne) peut être vécu comme un poids, une souffrance psychologique qui peut mener la personne jusqu’à la dépression. Et les normes sociétales enfonceront d’autant plus le clou et aggraveront le problème. Dans notre société, peu de choses sont faites pour les célibataires. Une chambre d’hôtel coûte plus cher seule qu’en couple, les portions individuelles ( bien que le marketing est bien saisi la vague déferlante des « solos » et l’intérêt économique) sont à des prix souvent plus élevés que le format familial de fait réservé au couple avec enfants et parfois ados, les impôts des célibataires ne sont guère avantageux.
Pour certains, ne pas être ne couple est un vrai poids au regard de la société, un véritable problème et ils le vivent comme un rejet jusqu’à se mettre dans une psychologie du retrait.

Certains choisissent de ne pas vivre en couple et d’être et de rester célibataire. Et lorsque celui-ci résulte d’un choix, on s’aperçoit qu’il est souvent dans la construction psychologique synonyme de liberté, d’indépendance assumée, d’une vie sans contrainte familiale (pas de problème avec les enfants, les ados, le mari…), ni celles concomitantes du couple, où l’on peut vivre sa vie selon ses propres et uniques choix, désirs, envies. Cet état est souvent synonyme de bien-être, d’accomplissement et de réalisation personnelle sur le plan psychologique. Cette liberté est d’ailleurs souvent enviée, voire jalousée des couples.

Néanmoins, cette différence a un prix et soulève parfois quelques problèmes.
Il n’est pas rare que le célibataire « endurci », ou pas, doive justifier ses choix de vie. Ne pas être en couple, ça ne peut pas être normal ! Le célibataire aurait-il un vice caché ? Une tare en matière de psychologie inavouable ? Le célibataire est peut-être tout simplement invivable (ou le deviendra t-il ?). Comment peut-on préférer être seul plutôt que de vivre en couple et avoir des enfants? Cela semble louche de vouloir préférer cet état ou en tout cas de bien le vivre. D’ailleurs, ces célibataires-là, heureux et fiers de l’être, sont souvent taxés sur le plan psychologique d’être de profonds égoïstes.

Ainsi ne pas être comme le plus grand nombre distingue, parfois pose problème et questionne (plus souvent l’entourage que la personne elle-même !).

Somme toute, même si vivre sa vie comme un cow-boy solitaire peut être grisant de liberté, la solitude du dimanche renvoie souvent sur le plan psychologique le célibataire au problème de son vide affectif et familial. Il semblerait que chaque jour de la semaine symbolise des moments de vie différents : le mercredi des enfants et des ados, les sorties du samedi entre amis et le repas dominical en famille. Il aura donc développé un réseau social et amical étoffé, afin de combler tous ces temps souvent dédiés à la famille (conjoint et enfants).

Le conseil du psychologue

Un célibat assumé semble plus enrichissant qu’une vie de couple bridée et contrainte. Cela renvoie à l’éternelle question : est-il préférable de vivre seul plutôt que mal accompagné ? A chaque réponse des besoins différents. Face à une solitude pesante sur le plan psychologique, certains préféreront une vie de couple, même insatisfaisante. L’important est peut-être là : être en accord avec ses besoins, qui l’on est et quel sens on souhaite donner à sa vie.

Être célibataire n’est pas une condition, encore moins un état psychologique. Peut-être est-il important d’envisager une vie réussie non pas selon les critères imposés par l’extérieur (marié avec enfant) mais selon ses propres critères de vie, ses valeurs, ses aspirations, ce que l’on est vraiment.
Ce qui est difficile à vivre, ce n’est pas tant la différence que le rejet ou le refus d’une situation mal vécue.

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